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Avranches occupé

Le 20 Juin 1940

Soldats allemands en gare d'Avranches. Droits réservés.

Le colonel Hartwtich

Le 20 Juin 1940

Les premiers jours de l’Occupation à d’Avranches.

Depuis le début de ce mois funeste les avranchinais assistent à un triste spectacle : le passage de milliers de réfugiés qui portent leurs pas vers les départements de l’Ouest.En effet, 8 à 10 millions de français du Nord et de l’Est – un quart de la population totale de la France – fuient les troupes allemandes sous les bombes et la mitraille.Le Comité des Réfugiés à Avranches accueille ceux qui demandent asile. Leur nombre est considérable.

Un hébergement leur est proposé par les sœurs de St Vincent de Paul et près de 1000 repas par jour seront servis à l’ancien collège des filles.Mais Avranches sait que les troupes allemandes seront bientôt là.En effet, dès le 16 juin les gendarmes et la garnison d’Avranches ont reçu l’ordre de se replier vers Combourg qui constituera un des points d’une nouvelle ligne de défense.

Ce même jour, le receveur des finances part pour la Roche sur Yon afin d’y mettre en sûreté 7 millions de francs.

Le 19 juin le sous-préfet ordonne la liquidation des stocks d’essence.

9h00, le jeudi 20 juin 1940.

Les troupes allemandes entrent dans Avranches. Ce matin-là les avranchinais encombrent les trottoirs. C’est un déferlement impressionnant et terrifiant de matériel et d’hommes en armes. Les unités du général Hoth pénètrent dans la ville, le doigt sur la gâchette. Des coqs ont été pendus aux fûts des canons des blindés.Très rapidement l’ordre nazi est instauré dans la cité des fleurs. Tout est réglementé, interdit, contrôlé, surveillé et taxé en faveur de l’occupant.Dès le 21 juin des sens de circulation sont établis pour les piétons et Avranches se met à l’heure

allemande : les pendules sont avancées d’une heure. Une affiche informe la population de ses obligations et menace du Conseil de guerre « Toute aide à des militaires non allemands ; toute offense à l’armée allemande ou à ses chefs ».L’occupant fait habilement endosser ses ordres par les autorités en place. Elles n’ont pas le choix.Ainsi Alphonse Briand, le maire, décrète-t-il - jusqu’au 30 juin - un rationnement de denrées alimentaires et une réduction de la pression du gaz.En effet, dès le 1er juillet une Convention d’Occupation très contraignante est signée entre les autorités françaises et le Lieutenant Général Boettcher à Balleroy. Elle fixe de manière drastique les obligations des manchois et oblige à « un contact étroit entre les autorités allemandes et les autorités civiles » qui seront tenues « responsables de tous les actes de la population ». Cette convention permet aux gendarmes de « conserver leurs armes et leurs tenues » sous le contrôle de l’occupant. La censure de la presse est instaurée. Les commerces doivent ouvrir. Les chevaux, les bicyclettes et les hommes pourront être réquisitionnés.

Dès le 3 juillet l’Hôtel de la Croix d’Or est réquisitionné pour recevoir les forces de police allemandes et le 4 la Kommandantur prend ses quartiers administratifs au collège Littré (actuellement Challemel Lacour).

L’Orst kommandant Pasquali, en résidence à Granville, logera au château de Baffé -propriété de la comtesse de Castellane - lors de ses visites à Avranches.

Le samedi 6 juillet 600 soldats allemands arrivent en renfort.

Le lundi 8 juillet 250 autres seront cantonnés à l’Institut dont plus tard les murs seront badigeonnés d’huile de vidange pour rendre les bâtiments moins visibles par les avions alliés. 150 autres soldats cantonneront à l’école Saint Joseph.

Le 27 juillet 1000 hommes arriveront encore. Avranches est un territoire qui subira une présence allemande forte.A partir du 11 juillet la relève de la garde a lieu et les troupes défilent quotidiennement dans la ville.Mais ce qui choque surtout les avranchinais en ces temps de restriction alimentaire ce sont les caisses de fruits achetées par l’occupant, les bouteilles de champagne accaparées et la gloutonnerie des allemands qui, attablés aux terrasses, se font préparer des omelettes de 6 œufs par soldat. En moins d’un mois le prix des œufs sera doublé.D’autre part, certains avranchinais seront requis pour loger les officiers. Ils devront fournir: « (…) des couvertures et des draps qui doivent être régulièrement changés, des ustensiles de toilette avec serviette qui doit être changée chaque semaine(…) des armoires fermées, une table, des chaises. » De plus « les cabinets de toilette doivent être nettoyés tous les jours. Les lits doivent être faits et les WC maintenus en ordre ».Ordre qui ne règne pas toujours chez les allemands.

Le 1er juillet - à la faveur de copieuses libations - le monument aux morts est profané par « des troupes allemandes ivres qui ont chanté et hurlé jusqu’à 3 heures du matin ».

Pendant 4 ans ces mêmes troupes commettront des rapines dans les campagnes et leurs délits demeureront impunis.Les conditions de vie de la population s’aggraveront aussi par le fait qu’un taux de change entre le franc et le reichmark est instauré en faveur des nazis.

Dès le 25 juin 1940 les allemands quadruplent leur pouvoir d’achat. Ils peuvent payer en utilisant la monnaie allemande.

Le dimanche 14 juillet 1940 la fête nationale est interdite. La croix gammée flotte sur Avranches.Le 1er septembre 1940 et une affiche allemande informe les avranchinais que « la France est dans la position d’un ennemi vaincu et qu’elle souffrira la main dure du vainqueur ».

Avranches est entré pour quatre ans dans la nuit noire de l’Occupation.

 

Frédéric BesnierOuest France. Tous droits réservés.

 

 

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