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L'opération "Cobra".

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" La protection de nos flancs c'est l'affaire de l'infanterie qui nous suit. Pour nous, l'objectif est... en avant." Georges Patton.                                                                        

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La bataille de Mortain est la conséquence immédiate de l'opération Cobra élaborée par le général Omar Bradley qui n'avait d'autres objectifs que de faire sortir le plus rapidement possible les troupes américaines de l'enlisement, de passer d'une guerre de position à une guerre de mouvement et de pénétrer en Bretagne pour capturer les ports nécessaire au débarquement des matériels.

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Confrontés à des allemands ayant une parfaite connaissance du terrain et sachant mettre à profit le bocage et les ruines pour y mener une guerre d'embuscade et de harcèlement extrêmement efficace, les américains comptent de lourdes pertes dans l'enfer des haies et rencontrent d'importantes difficultés dans leur progression.

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Malgré une totale maîtrise du ciel, une supériorité matérielle écrasante et un armement lourd extrêmement important les troupes américaines progressent très difficilement et doivent faire face à une guerre d'usure où les corps à corps sont fréquents et la ligne de front mal définie et perméable.

La bataille de St Lô a coûté 2000 hommes à la 29eme Division d'infanterie et 3000 hommes à la 35eme Division "Santa fe" soit 5 fois plus de pertes que les divisions britanniques engagées à l'est de la ville de Caen qui devait être prise dans les premiers jours suivant le débarquement.

En conséquence, le général Eisenhower conscient de la situation rappelle le général Patton - commandant de l'armée fantôme de Fortitude -qui commandera la 3e armée, place la 1ere armée sous l'autorité de Hodges et confie au général Omar Bradley la conception d'une opération de rupture du front.  Cette opération dirigée vers Coutances sera baptisée Cobra. Une brèche doit être créée dans la ligne de front. Elle permettra la progression rapide des troupes américaines vers la Bretagne puis, par un coup de faux,  vers l'Allemagne.

La clé du dispositif sera constituée par un bombardement stratégique de très grande ampleur afin d'appuyer les troupes au sol.

Bradley n'a pas atteint le niveau d'expertise suffisant pour préparer sans crainte une telle opération. Il le sait. Il demandera donc que les bombardiers volent parallèlement aux lignes américaines afin d'éviter les erreurs de frappe qui pourraient toucher les fantassins.

L'Air Force refusa de suivre les recommandations de Bradley en faissant valoir le fait que suivre une autre route permettrait de moins exposer les avions engagés aux tirs de la Flak et de réduire le nombre de bombardiers survolant simultanément les cibles.

Cobra fut l'occasion pour l'armée américaine d'expérimenter d'autres tactiques de combat notamment en synchronisant l'action des troupes au sol et celle de l'aviation. Ainsi un mémoire publié par le VIIeme Corps d'Armée stipule que "l'expérience dans cette campagne a démontré qu'une coordination appropriée est essentielle pour l'exécution d'une attaque de l'infanterie appuyée par les tanks".

C'est le VIIeme corps (4eme, 30eme, 9eme division et la 1ere division) commandé par le général Collins qui sera chargé d'effectuer la percée. Collins prévoit de lancer la 1ere division à travers le tapis de bombe pour appuyer l'assaut.

Bradley compte beaucoup sur l'appui des bombardiers c'est la raison pour laquelle le bombardement sera par trois fois ajourné à cause du mauvais temps. L'attaque est prévue pour le 18 juillet 1944. Elle aura lieu en fait le 24 juillet.

Le 24 juillet 1944, à 11h30, un premier bombardement très violent est effectué aux environs de la Chapelle-Enjuger par des chasseurs-bombardiers puis par des bombardiers moyens suivis des bombardiers lourds.  Ce bombardement sera interrompu à cause du mauvais temps. Ayant reçu un ordre de repli, 300 bombardiers lâcheront leur chargement sur les troupes d'assaut américaines causant des pertes les parmi les troupes du 2eme bataillon du 120eme régiment d'infanterie et les soldats de la 30eme division qui perdent 25 hommes et comptent 131 blessés. Certaines unités exaspérées n'hésiteront pas à ouvrir le feu contre leur propre aviation.

Le 25 juillet,  un second bombardement est déclenché par 2330 bombardiers - dont 1500 B 17 et B24 - qui larguent 4150 tonnes de bombes sur un rectangle de 12 km2 soit 5000 bombes incendiaires par km2.  Cette attaque aérienne constituera le tapis de bombe le plus important de la seconde guerre mondiale.  L'opération Cobra est également appuyée par un pilonnage effectué par plus de 1000 pièces d'artillerie. Le bombardement aérien est d'une violence extrême. Le village de la Chapelle-Enjuger est pulvérisé. Les troupes des deux camps, hébétées par la violence des explosions, s'entremêlent. Les hommes des deux camps deviennent fous et errent hagards... Du fait du tir trop court de l'artillerie les troupes américaines de la 30e division totaliseront beaucoup de pertes dans leurs rangs. En tout, 111 tués et 490 blessés seront comptabilisés parmi les troupes américaines dont le Lieutnant général Lesley Mc Nair, plus haut gradé tué en Europe. Les troupes allemandes constituées par le Fallsschirmjäger regiment 14, le Kampfgruppe Heinz et la Panzer Lehr - qui est quasiment détruite - subissent les mêmes pertes.

Cobra constitue néanmoins un succès. Si les défenses allemandes ne semblent pas ébranlées elles sont totalement désorganisées. Le VIII corps commandé par Middelton perce avec ses blindés en suivant la côte ouest. Passé Marigny (qui tombe le 27 juillet aux mains du 18eme d'infanterie) et Saint Gilles, la progression des troupes est fulgurante. Le 26 juillet Coutances est pris par les hommes du 8eme, du 83eme et du 90eme d'infanterie. Ils font 100 prisonniers au prix de 1150 tués.  Les troupes allemandes sont émiettées et parfois isolées comme à Roncey qui constituera une poche que les américains ne réduiront cependant qu'au prix de combats meurtriers.

Bradley, dès le 28 juillet constate que la progression des troupes américaines s'accélère. la 1ere Armée a pratiquement atteint tous ses objectifs. 60 km sont franchis par les troupes américaines en 5 jours. Avranches est libéré par la 4e division blindée de Woods le 31 juillet. Les 6e, 4e, 5e, et 2e divisions blindées américaines avancent ensemble. Von Kluge ne peut les arrêter et 20 000 allemands sont capturés.

A 18h45 le 31 juillet le XXV Korps stationné en Bretagne communiquait à l'OB West que "2 tanks traversaient le pont de Pontaubault" et que "le pont avait été détruit par les chasseurs bombardiers"... La réalité est toute autre...

Patton précipite le VIII corps (4eme et 6eme DB) vers Pontaubault où un détachement de la 4eme division blindée commandé par le général Dager s'empare du pont enjambant la Sélune qui est resté intact malgré plusieurs dizaines de bombardements. Pendant 72 heures ce pont étroit verra passer 7 divisions soit près de 100 000 hommes et un véhicule toutes les 30 secondes. Les camions citerne circulent en double sens afin d'approvisionner en carburant les véhicules déferlants en Bretagne.  Quelques troupes allemandes de la 77eme division du XXVe corps commandé par le général Fahrmbacher tenteront de s'opposer en vain à Patton qui combat étroitement avec l'aviation.

8 divisions allemandes seront détruites, 28 000  hommes seront faits prisonniers et 12 000 seront tués.

L'avancée vers la Bretagne et le grand coup de faux vers Le Mans, Laval, Chartres et l'Allemagne ont commencé.

Cobra offrira un seul bénéfice à Hitler: faire revenir au plus vite les unités stationnées dans le Pas-de-Calais...

En pénétrant en Bretagne l'armée américaine a pour objectif principal la prise de ports suffisamment conséquent pour accueillir les tonnages nécessaires. Cherbourg et le port de St Vaast-la-Hougue assurent à eux seuls le débarquement des 26 000 tonnes journalières. Le port artificiel de Vierville a été détruit.

Fin juillet 1944 ce sont 78 000 tonnes qui sont attendues. La prise des ports bretons devient une nécessité pour Eisenhower. Lui couper la route une obligation pour Hitler.

Cette entrée en Bretagne du VIIIeme Corps donnera lieu à discussion. Pourquoi poursuivre vers l'Ouest alors qu'à l'Est le flanc de la VIIeme Armée allemande pourrait être enfoncé ?

Bradley, soucieux de maintenir la 1ere et la 3eme Armée séparée préfèrera cette décision qui évitera de mettre en concurrence Patton et Hodges. Quoiqu'il en soit, cette stratégie finie par faire penser à Hitler qu'une opportunité de contre-attaque était possible. C'est ce qu'il s'employa à concrétiser contre l'avis de l'Etat major.

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La poussée vers Mortain.

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Mortain, carrefour de routes, est un enjeu stratégique majeur dont les américains veulent s'emparer et que les allemands doivent défendre. Mortain c'est le dernier verrou qui ferme aux américains les portes de la progression vers la Seine puis vers le Reich, Paris n'ayant jamais été défini comme objectif prioritaire par Eisenhower.

Le 13 juin 1944 les premiers prisonniers américains arrivent à Mortain. Ils sont entassés dans des camions et la population mortainaise les accueille en libérateur ce qui fait réagir vivement les autorités allemandes. Les officiers menacent la population de représailles.

La pression américaine sur Mortain se fait sentir de plus en plus cruellement. Le 14 juin Saint Hilaire du Harcouët - situé à une vingtaine de kilomètres  - est bombardé à 20h00. le 16 c'est la feldkommandantur, la feldgendarmerie et le SD (services de renseignement) qui refluent vers le mortainais.

De plus, la résistance joue un rôle très actif depuis le débarquement.

Sabotages de camions, récupération de munitions, aide à l'évacuation des soldats allemands d'origine polonaise et italienne font le quotidien des soldats de l'armée des ombres en cette fin juin 1944.

Au Mesnillard, non loin de Mortain, le groupe Blouet harcèle un convoi de SS pendant 3 heures. D'aucuns, du réseau Centurie, spécialisés dans les missions d'espionnage recueillent des renseignements sur l'ennemi et distribue des tracts. Le 8 juillet,  la résistance entre de nouveau en action.

A Barenton, en pleine nuit, une tentative de dynamitage du pont de la Beltière non loin de St Cyr du Bailleul a lieu. L'un les résistants s'empare d'un camion et fait le coup de force contre des SS qui comptent 2 morts dans leur rang.

Au Teilleul, à 13 km au sud de Mortain, Emile Bizet détruit la signalisation routière.

La vie a Mortain est rythmée par l'arrivée des populations de St Lô, la capitale des ruines, et soumise aux restrictions habituelles. La ration de pain quotidienne est de 100 grammes. En revanche, les oeufs, la viande, le beurre ne manquent pas. Les paysans jettent même le surplus...

A l'abbaye blanche les blessés allemands arrivent en grand nombre ainsi que les victimes civiles des bombardements de St Lô. Les médecins locaux organisent les soins. Une annexe de l'hôpital est crée au Sacré Coeur.

La fin du mois de juillet sera marquée par des représailles et des arrestations. Ainsi le 27 juillet à St Laurent de Cuve une famille est arrêtée pour avoir hébergé des russes blancs. Les collaborateurs, ce même jour exécutent François Bideau à propos d'une  accusation qui l'opposait à Panzani le chef du PPF qui le soupçonnait d'avoir saboté une ligne de chemin de fer alors que les allemands ne lui reprochait rien.

Le lendemain, à Fougeroles du Plessis,  la Gestapo boucle le village. Les allemands recherchent des armes, des munitions, des résistants. La population est interrogée. 14 hommes sont arrêtés et emmenés au château de Saint Jean du Corail. Sur le chemin les allemands incendient les fermes. Au château de St jean du Corail ces 14 hommes seront torturés avant d'être exécutés le 31 juillet au château de Bourberouge où un officier de la division "Das Reich" ordonnera leur mise à mort.

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La réaction de l'état-major allemand: le contexte stratégique.

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" Si la porte d'Avranches n'est pas refermée sur le champ, tout le front allemand, en France, va s'effondrer." Général von Choltitz

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La chute d'Avranches le 30 juillet verra également la chute de von Choltitz commandant le 84eme corps et du feld-maréchal von Rustedt qui s'était écrié dès le 2 juillet à quelqu'un qui lui demandait ce qu'il fallait faire: "Conclure la paix, bande d'idiots !". Le feld-maréchal Von Kluge après une visite du quartier général de von Choltitz écrira:" l'organisation était une farce, une pagaille indescriptible, toute l'armée a présenté un mauvais spectacle"... En revanche, Paul Hausser -général SS et vétaran du front de l'Est- conservera son commandement malgré le revers subit.

Afin de s'opposer à la progression fulgurante des troupes de Patton, Hitler décide d'une contre-attaque quasi immédiatement car le temps compte. Le 31 juillet il asséne un discours au général Jodl -Oberkommando der Wehrmacht, haut commandant des forces armées allemandes- l'obligeant à effectuer un effort de grande envergure à l'Ouest. Hitler ajoute qu'il supervisera lui-même toute l'opération d'un quartier général établi dans les Vosges ou la Forêt Noire.

Jodl -fidèle d'entre les fidèles- devra s'entourer d'un état-major qui transmettra toutes les informations à Hitler qui, confronté également au Soviétiques sur le front de l'Est, se retrouve au coeur d'un dilemme inhérent à l'histoire militaire allemande: se battre sur deux fronts...

L'état Major de von Kluge n'est pas du même avis que lui. Les troupes SS se font éreinter malgré une farouche résistance autour de Caen. Sur les 540 000 hommes engagés,  la VIIeme armée à perdu 160 000 hommes et il ne restent que 750 chars disponibles contre 1400 le jour J.

Entre mai et juillet 1944 l'Allemagne a fabriqué 2313 chars et en a perdu 1760. 1 sur 3 sera mis hors de combat en Normandie.

Le 2 août 1944, le général d'artillerie Warlimont, délégué à l'OBW, - chef par intérim des opérations à l'état major de la Wehrmacht et adjoint de Jodl, lui-même officier des opérations au GQG -, arrive directement de Rastenbourg -où il était présent lors de l'attentat fomenté contre Hitler - à Saint Germain en Laye pour y rencontrer, rue Alexandre Dumas, le général Blumentritt, chef d'état major du général von Kluge qui est arrivé en Normandie début juillet.

Le but de la visite de Warlimont est d'évaluer l'avancée de la percée américaine, d'informer von Kluge que Hitler a décider de rétablir la ligne de front entre Avranches et Saint Lô et qu'une contre-attaque sera réalisée. Cette contre-attaque prendra pour base de départ les collines du Mortainais et fera intervenir essentiellement des blindés.

Warlimont -qui sait qu'une ligne de retraite sur la Seine inférieure est établie dans la mesure où cette possibilité a été évoquée la veille avec Jodl - précisera bien à Blumentritt que toute retraite est inconcevable et que le terrain conquis devra être tenu coûte que coûte. Hitler ne veut pas entendre parler de retraite car il entend conserver des liens précieux avec le Portugal et l'Espagne qui sont pourvoyeurs de matières premières pour le Reich et ne veut pas perdre le contrôle de la façade Atlantique qui abrite ses U Boots.

Blumentritt sait de son côté que l'armée allemande est exsangue. Il soulignera devant Warlimont l'ineptie de la décision de contre-attaquer prise par Hitler.

Ce n'est que dans un deuxième temps que Warlimont rencontrera à la Roche Guyon, dans la même journée, von Kluge, chef d'état-major du groupe d'armée B qui ne sera pas informé du fait qu'un plan de retraite a été établi. Hitler l'a strictement interdit à Warlimont. "Dès que l'on prépare une ligne de défense à l'arrière d'une ligne de front, dit Hitler, mes généraux ne pensent plus qu'à une chose: se replier vers cette ligne."

L'ordre du führer arriva entre les mains de von Kluge le 2 août à 23h45:

"Le groupe d'armée B préparera avec toutes ses unités blindées une contre-offensive en vue d'une percée jusqu'à Avranches avec mission d'isoler les forces ennemies et d'assurer leur destruction. A. Hitler."

Hitler qui a tout à fait conscience que "la décision de la campagne de France dépend de cet objectif" fixait ainsi des buts clairs: foncer sur Avranches afin de colmater la brèche, couper les troupes de Patton entrées en Bretagne des troupes de Hodges restées dans le Cotentin afin d'élargir le goulot d'Avranches, les emprisonner dans une nasse comme des poissons et les détruire.

Warlimont, une fois l'ordre connu, se rendit à Livarot pour y rencontrer le général de blindés ouest, Eberbach, seul habilité à la réaffectation des divisions blindées sur le théâtre des opérations.

Eberbach ne se montra pas très enthousiaste à l'idée de redistribuer ses divisions en vue d'une contre-attaque au succès très hypothétique, conscient que les alliés avaient la totale maîtrise des airs, que les forces d'infanterie disponibles étaient trop faibles et qu'elles seraient dans l'impossibilité de tenir une ligne de front contre une armée possédant une supériorité mécanique, humaine et matérielle écrasantes.

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Eberbach ira même jusqu'à préconiser une retraite sur une ligne Seine/Yonne. Convaincu de la supériorité écrasante de l'ennemi,  il s'opposera en vain à Warlimont.

Von Kluge lui-même ne sera pas convaincu par le plan de Hitler. Il serait plus favorable à une reprise d'Avranches à condition d'établir auparavant un repli stratégique de la VIIeme armée.

De plus, l'ordre d'Hitler spécifiait que "toutes les forces cuirassées disponibles doivent être sans être relevées par d'autres enlevées à leurs lieux de stationnement actuel."

Comment continuer à se battre à Mortain sans dégarnir de blindés le front de Falaise à Caen ?

Hitler exigeait que 9 des divisions blindées présentes en Normandie soient affectées à l'opération Lüttich. La Luftwaffe elle même devait se jeter dans la bataille en engageant "toutes ses réserves disponibles, dont environ un millier d'avions de chasse".

Et à quelle échéance ? s'inquiétera von Kluge partisan d'une réaction rapide et conscient que le temps jouait en défaveur de la contre-attaque... "quand on aura préalablement rassemblé chaque char, chaque canon et chaque avion" lui répondit Hitler alors que le goulot béant d'Avranches laissait s'écouler inexorablement, heure après heure, les divisions de Patton...

Von Kluge tempêta, se mit en colère contre l'ordre donné par Hitler mais finalement le mit à exécution.

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Un contexte politique extrêmement dégradé.

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Walkyrie: le 20 juillet 1944.

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Enfin, il faut replacer l'organisation de la contre-attaque de Mortain dans le contexte politique qui entoure cette période du conflit mondial. Hitler est affaibli. Le 20 juillet 1944 il échappe de peu à la mort. Un attentat à la bombe est fomenté contre le führer par des officiers supérieurs dont le colonel von Stauffenberg prendra la tête. C'est l'opération Walkyrie, tentative de coup d'état qui sera suivi d'une répression extrêmement violente par les SS qui voient leur rôle et leur influence se renforcer encore plus. 5 000 personnes seront arrêtées et beaucoup parmi ces dernières seront torturées et exécutées. Hitler s'est bel et bien trompé sur l'ampleur de la conjuration lui qui "réduisait le complot aux menées d'une poignée d'officiers réactionnaires."

Le général Guderian rédigera un ordre du jour le 23 juillet qui stigmatisera les conjurés, ces "quelques officiers, dont certains étaient persionnés, qui avaient perdu le courage et qui avaient emprunté la voie de la déloyauté par lâcheté ou par faiblesse au lieu de prendre la seule voie qui s'ouvre à un soldat: la voie du devoir et de l'honneur". Le 29 juillet Guderian exprime sous l'influence d'Hitler que " tout officier de l' état major général doit être un officier national-socialiste, un leader, non seulement par ses connaissances tactiques et stratégiques, mais également par son état d'esprit exemplaire quant aux questions politiques. Il doit également collaborer activement à l'endoctrinement politique des jeunes commandants, conformément aux principes d'Hitler."

Fin juillet 1944, Hitler a deux priorités. La première, se venger. Cette vengeance implacable verra une série d'exécutions et de suicides commandés. 250 personnes dont deux feld maréchaux et seize généraux choisirent de se donner la mort. Les derniers instants des conjurés furent filmés. Environ dix mille personnes furent déportées et gazées, abattues ou pendues. Himmler viendra remplacer le général Fritz Fromm commandant l'armée de réserve qui sera fusillé. Von Brauchitsch sera rappelé de sa disgrâce pour organiser le rapprochement entre les SS et l'armée régulière. 

La deuxième préoccupation du Führer sera de contre-attaquer en Normandie, ce qui relève de l'impossible pour beaucoup d'officiers.

En effet, ces derniers pour la plupart réalisent que la guerre est perdue et que tout effort et tout sacrifice pour contenir les avances alliées tant sur le front Ouest que sur le front Est s'avèrerait vain, illusoire et inutilement couteux en vies humaines.

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Les forces alliées rentrent dans Rome.

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Ereintées en Sicile, les Allemands refluent vers le Nord de la botte italienne. Des attaques répétées des alliés  contre les Lignes de défense "Gustav" et "Hitler" - notamment au Mont Cassin -ont ouvert la route de Rome qui tombe le 5 juin 1944. Les troupes allemandes font retraite sans avoir fait sauter les ponts sur le Tibre comme l'avait ordonné Hitler mais après avoir semé la mort derrière eux en fusillant 15 prisonniers dont le syndicaliste Bruno Buozzi. Ils se replient vers les Apennins derrière une nouvelle ligne de défense qu'ils nommeront le ligne Gothique.

Côté américain les pertes enregistrées pour la prise de Rome sont lourdes: 42 000 hommes blessés, morts ou disparus.

La création de la ligne Gothique entre Pise et Pesaro sera d'une importance capitale pour le succès du Débarquement et de l'opération Cobra dans la mesure où elle obligera Hitler à maintenir en Italie 23 divisions de combat.

Sur le plan psychologique la prise de Rome pèsera lourd: c'est la première capitale des forces de l'Axe qui tombe pour la première fois aux mains des alliés. Trois mois plus tard, un armistice sera signé avec l' Italie qui se rangera aux côtés des forces alliées.

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Cf sur le rôle du Corps Expéditionnaire Français dans la bataille d'Italie : De Gaulle, mémoires de guerre 1942 - 1944. L'unité, combat.

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L'Offensive soviétique en Carélie et en Biélorussie.

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Le 9 juin 1944 l'Armée rouge déclenche une offensive de grande ampleur contre les finnois dans l'isthme de Carélie. Le 20 juin Viborg tombe aux mains des soviétiques. L'armée allemande est engagée aux côtés des finnois. En échange, Ryti - le président finnois - promet de ne pas conclure de paix séparé avec Staline.

Les soviétiques  continuent de progresser en Estonie et en Lettonie et finissent par menacer l'allié finlandais qui le 1er août 1944 porte au pouvoir le maréchal Mannerheim qui informe Hitler que la Finlande reprend son entière souveraineté...

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L'insurrection de Varsovie (1er août 1944 au 2 octobre 1944).

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En Pologne, à Varsovie, la résistance polonaise organise un vaste soulèvement contre l'armée d'occupation allemande avec pour objectif de restaurer l'état polonais et faire face à l'armée rouge.

Le 1er août 1944 à 17h00 le soulèvement commence. Une bombe explose dans le QG de la Gestapo. En fait, l'effet de surprise escompté par l'Armya Krajowa est nul. Les allemands ont été informé auparavant du soulèvement et ont pu organiser rapidement la répression. Inexpérimentés et opposés à des troupes SS aguerries et fanatiques et bien armées ,- elles disposeront de mortiers géants Thor pouvant envoyer des obus de 2,2 tonnes -,  les insurgés polonais n'atteindront pas les objectifs stratégiques qu'ils s'étaient fixés et ne pourront s'engager dans une bataille de rues qu'au prix de l'incroyable sacrifice des population civiles qui seront également utilisées comme bouclier humain par les nazis.

Le 4 août des renforts nazis sont envoyés et les poches allemande de résistance sont réunies. Le 5 août est marqué par l'exécution de 50 000 civils à Wolla. Viols, vols, destruction des hôpitaux sont érigés en règle par l'armée allemande. Le 7 août, les panzer entre dans Varsovie. Arrivée aux portes de la ville début septembre, les soviétiques laisseront les mains libres aux nazis pour terminer la liquidation de la résistance polonaise.

Le soutien des alliés dont l'attitude face aux soviétiques demeurera ambigüe se concrétisera par des parachutages qui s'avèreront insuffisants. Les soviétiques iront même jusqu'à interdire à la R.A.F.l'utilisation des pistes qu'ils contrôlaient en Pologne...

Il restera pour les polonais un sentiment de trahison et d'abandon de la part des alliés qui ont préféré jouer la carte soviétique et plutôt que venir au secours de la population de Varsovie laisser le champ libre aux soviétiques qui organiseront - une fois maître de la ville - à leur tour une répression à l'encontre de la résistance polonaise...

De son côté l'armée allemande a perdu 17 000 soldats et compte 9 000 blessés. Mais du côté polonais on déplorera 18 000 soldats tués et 25 000 blessés et entre 160 000 et 180 000 civils tués...

Il n'en demeure pas moins que la perte de Varsovie et l'écrasement des troupes nazies par les soviétiques constituent un revers stratégique d'importance pour l'Allemagne sur laquelle les tenailles alliées font de plus en plus sentir leur pression.

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Fin juillet début août 1944 les armées allemandes sont en grandes difficultés sur tous les fronts.

 

La contre-attaque de Mortain.

General Hausser
FeldMarschal Von Kluge
General Patton
General Bradley
General von Choltitz
General Blumentritt
General Hodges
General Warlimont

1ere Armée US

VIIeme Corps

Cavalerie

1ere Armée US

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