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La bataille de St Barthélémy.

St Barthélémy est un des hauts lieux de la bataille de Mortain. Ce village sera le théâtre de combats âpres et acharnés le 3 août 1944 entre les éléments de la 1ere Division US « Big Red One Â» qui se battront contre la 275eme Division allemande avant de libérer le village et d’entrer dans Mortain en mettant en déroute la 2eme SS Panzer Division.​

Les combats reprendront dans la nuit du 6 au 7 août 1944 lors de la contre-attaque lancée par la 2eme SS Panzer Division et la 1ere SS « Leibstandarte Adolf Hitler Â» qui pousseront leur offensive jusqu’à Juvigny le Tertre.

Les fantassins de la 30eme Division US (117eme régiment d’infanterie commandé par le Lt-colonel Johnson dont  le Tennessee National Guard ) qui ont relevé la 1ere Division subiront le choc et tiendront bon avant d’attaquer à leur tour en direction du Mesnil Tôve.

Le 12 août le village sera repris avec l’aide de la R.A.F et notamment l’intervention des Typhoons qui mèneront de nombreux raids aériens.

Laissons maintenant la parole au major Warren C. Giles du 117eme régiment d’infanterie  (traduction F. Besnier).

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« A 1h30 du matin le 6 août 1944 le 1ere bataillon du 117eme d’infanterie reçu l’ordre de faire mouvement au sud-ouest dans le voisinage de Brecey (France) et de relever les éléments de la 1ere Division. Le cantonnement parti pour la nouvelle zone à 2h30 du matin. A 5h30 du matin le bataillon avait nettoyé l’endroit et s’achemina en camion vers la nouvelle zone. Les guides du 26eme régiment d’infanterie, 1ere Division, furent pris à Brecey par le 1er bataillon du 26eme régiment d’infanterie.

Les compagnies prirent les positions des autres bataillons. Des ordres furent immédiatement donnés pour creuser afin d’établir une situation défensive. Les troupes avaient difficilement pris position lorsqu’un groupe de chasseurs ennemis ME 109 fut au-dessus de nous mitraillant et qu’un tir intermittent de mortier et d’artillerie harassait la compagnie pour le reste de la journée rendant difficile l’achèvement des positions défensives. 

Au crépuscule, deux motards allemands furent vus le long de la route au nord de la zone de la compagnie « B Â». La nuit tombée il devint évident qu’il y avait des allemands rassemblés en force contre le 1er bataillon. Les hommes déclarèrent qu’ils semblaient fous. Pendant la nuit ils virent et entendirent des troupes ennemies hurlant et rigolant. Ce fut plus tard que l’on s’est rendu compte que les troupes allemandes étaient saoules, se donnant du courage et de la force pour l’attaque qui devait commencer le lendemain.

Le 3eme peloton de la compagnie « B Â» avait établi un barrage routier près de « Le Bois du Parc Â». La compagnie Baker eut un avant-goût de la bataille de Mortain vers 1h00 du matin le 7 août quand une importante colonne de troupes d’élite de la 1ere Division SS Adolf Hitler approchant de la zone des combats  couru droit sur le barrage du 3eme bataillon. Les canons antitanks furent rapidement détruits et le peloton du barrage fut forcé de se retirer. De minuit à 4h00 du matin, le 7 août 1944, toute la zone du  117eme régiment était pilonnée par un feu intense et dévastateur d’artillerie et de mortier. L’artillerie de soutien du 1ere bataillon fut bombardée et mitraillée par des avions ennemis alors qu’elle essayait de régler son tir sur les tanks ennemis et sur l’infanterie.

L’ennemi continua à grignoter à différents points le long de la ligne de front durant la nuit. Les civils  se faufilant dans les lignes rapportaient que l’ennemi disposait d’infanterie et d’un grand nombre de tanks.

Attaqué à l’aube par un brouillard excessivement épais, les tanks et les troupes étaient sur le 1er bataillon avant qu’ils aient pu être vus. L’attaque se déroula en plusieurs vagues. Le barrage routier de la compagnie « A Â» fut le premier à être mis hors d’état. Alors l’avancée allemande posa son doigt sur le barrage de la compagnie « C Â» sur le flanc droit mais elle tint bon. L’attaque marqua un bref temps d’arrêt. Puis, environ 7 tanks allemands et une compagnie d’infanterie avança de nouveau sur la compagnie « C Â» et pénétra en dépit d’une résistance acharnée.   La compagnie « B Â» était en réserve et on lui ordonna d’aider la compagnie « C Â» avec un peloton,  lequel venait de faire mouvement avant que le gros de l’attaque ne touche le touche de différentes directions. La compagnie « C Â» était désintégrée et la ligne de résistance de la compagnie « A Â» était rompue.

La situation devint extrêmement « fluide Â» et tous les évènements qui suivirent ne sont pas clairs.

A 7h00 du matin St Barthélémy fourmillait de tanks ennemis. Avant midi la plus grande partie de la ville était aux mains des allemands. Les compagnies « A Â» et « C Â» avaient tenus en vain leurs positions obstinément et héroïquement. Les tanks destroyers appuyant le 1er bataillon avaient été anéantis.

Le Lieutenant-colonel Robert E. Frankland, officier commandant du 1er bataillon du 117eme d’infanterie, à St Barthélémy, observait un tank boche montant à côté de la maison qu’il utilisait en tant que poste d’observation. Quand il vit deux de ses hommes, les mains levées, sortir par une porte arrière devant deux allemands il sortit son pistolet, couru vers la porte et tua les deux allemands. Un des GI’s revint à l’intérieur sain et sauf. Une retraite du poste d’observation  fut immédiatement ordonnée et la sortie se fit par une fenêtre à l’arrière.

Le poste de commandement du 1er bataillon fut rétabli près du poste de commandement du 117eme d’infanterie à la Rossaye. Le Colonel Frankland fut contacté par le Colonel Walter M. Johnson commandant du 117eme et lui dit qu’il avait reçu des ordres de la Division pour tenir coûte que coûte car virtuellement il n’existait personne passé le 1er bataillon pour arrêter les allemands d’avancer vers la mer.

Une nouvelle ligne de défense fut établie dans une route encaissée coupée par la grand’ route de Juvigny à St Barthélémy et située sur une colline donnant sur St Barthélémy. Sur la gauche de la grand ’route la ligne de défense comprenait la compagnie « B Â» et une partie de la compagnie Â« D Â». Sur le côté droit des greffiers, des cuisiniers, des messagers etc. des groupes des deux quartiers généraux des bataillons régimentaires assumaient les tâches des fusiliers et creusaient une ligne de défense avec le restant des compagnies « A Â» et « C Â».

Le 1er bataillon avait été sous un bombardement continu et meurtrier pendant plus de 15 heures. Seule une compagnie  du bataillon semblait être au combat e c’était la compagnie « B Â». Les seules armes restantes pour se défendre contre les tanks étaient les bazookas. A couse des avions ennemis, notre artillerie de soutien n’était pas capable d’assurer un tir de soutien effectif.

Tard dans la soirée du 8 août, après avoir consolidé la prise de Saint Barthélémy, les allemands ont lancé une nouvelle attaque de grande envergure utilisant de nombreux chars et de l’infanterie. En dépits de terribles obstacles, le 1er bataillon arrêta net l’assaut. Les fantassins allemands furent arrêtés par des fusiliers et des mitrailleurs entêtés principalement  par la compagnie « B Â». Le Capitaine Hendrickson fut blessé pendant la bataille et le Lieutenant Spiker reprit le commandement de la compagnie « B Â».

La fin de soirée vit la contre-attaque des Boches arrêtée mais l’ennemi qui avait toujours une puissance supérieure se regroupait pour un nouvel assaut. Le potentiel allemand à St Barthélémy fut vite paralysé toutefois grâce à la performance d’un groupe de typhons de la RAF.

Vers 18h00 les avions britanniques apparurent de nulle part, s’abattaient à la cime des arbres et mitraillaient avec précision les troupes allemandes près d’une haie  non loin des soldats de la compagnie « B Â». Tirant des rockets, les avions abattirent également beaucoup de chars ennemis enquillés derrière les véhicules de tête neutralisés. Les hommes de la RAF agissaient avec du mépris pour le danger et avec une précision inégalée par tous les aviateurs de la seconde guerre mondiale.

La compagnie « B Â» et le restant du bataillon se battirent avec courage et intelligence. L’histoire de Timothy L. Birt de la compagnie « B Â» montre comment chaque homme contribua à une défense opiniâtre non seulement en faisant son travail mais également en faisant autant que possible d’autres travaux.  Il était estafette de peloton mais dû également être estafette des 4 autres et des courriers du poste de commandement de la compagnie « B Â» à tous les autres pelotons. A six occasions différentes il répara la ligne téléphonique entre le poste de commandement et les pelotons et aida à évacuer un homme sérieusement blessé  d’un champ. Par deux fois il vint avec des brancardiers pour évacuer les blessés et servit en tant qu’observateur pour ajuster les tirs de mortier de 60 mm de la compagnie. C’est comme si ce jour-là il avait joué à Superman ainsi que le firent tous les hommes.

Selon les trois généraux allemands Jodl, Kesselring et Keitel, la bataille de St Barthélémy et de Mortain furent des batailles cruciales de la 2eme Guerre Mondiale. Interrogés après la guerre, ils déclarèrent que cet engagement était une des deux opérations critiques qui ont conduit à la défaite de l’Allemagne à l’ouest. L’effort principal de l’armée allemande a été encaissé par le 1er bataillon du 117eme d’infanterie à St Barthélémy.

En août, la compagnie « B Â» recevait l’ordre d’attaquer et de reprendre St Barthélémy. Cependant, la compagnie était si exsangue qu’elle fit cela très lentement ; mais le 11 août il était évident que les allemands étaient battus et qu’ils faisaient retraite.

Alors le 12 août le 3eme bataillon du 117eme d’infanterie double la compagnie « B Â» et reprit St Barthélémy. Le Colonel Walter M. Johnson commandant du régiment et le Major Warren C. Giles officier S 2 étaient les premiers à reprendre pied à St Barthélémy le 12 août et à rédiger un rapport de la situation.

Le journal de la 30eme Division fait également état des affrontements qui eurent lieu à St Barthélémy du 6 au 12 août 1944.

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Journal de la 30eme Division.

 

« Dès la fin de la nuit les tanks, soutenus par de l'infanterie, et venant de Saint-Clément, hommes, le pistolet à la main, et tue un conducteur de char ennemi. Des deux côtés les fantassins s'infiltrent hardiment. Des corps à corps ont lieu entre de courageux G.I.'s et des nazis valeur. La compagnie B est repoussée jusqu’à l’endroit où se trouvent les agents de liaison et les conducteurs de la compagnie d’état-major. Le PC du régiment est à 400 mètres au sud de celui du bataillon et a peu près à la même distance de la ligne de feu. Le colonel Johnson, qui a pris le commandement du 117° (après en avoir été Executive Officer), a Tessy-sur-Vire, appelle la ferme ou il est installé le château Nebelwer.

« Les tirs des Allemands deviennent si violents que les véhicules du PC doivent être ramenés en arrière sous la protection des armes automatiques. Des tanks ennemis parviennent a 400 mètres  de cette ferme. Aussitôt des volontaires se présentent pour attaquer l’un des chars et deux hommes réussissent as le détruire en envoyant deux coups de bazooka dans sa tourelle. Deux autres chars sont mis hors de combat de la même façon par les soldats Clifford Buzzard et Frank Joseph.

«  Un groupe de cinq hommes, qui défend l'état-major régimentaire est alors brusquement pris in partie par une cinquantaine d’allemands. Le sergent Harold Sterling fait feu sur l'ennemi, tandis que ses quatre camarades manÅ“uvrent pour le protéger. Puis tous les cinq maintiennent un feu nourri pendant une heure et demi jusqu’à ce que les renforts arrivent et que les Allemands déguerpissent.

«  Une compagnie d’infanterie allemande, qui s’est infiltrée à l’arrière du front, est découverte par la section régimentaire de reconnaissance et finalement repoussée. Au cours de cet engagement un G.I. tient en respect un certain nombre de nazis a 1’aide de grenades en attendant du renfort. Le PC du régiment sera, en fait, isolé les six jours suivants, mais les officiers de liaison réussiront parfois il gagner l’arrière, en dépit des infiltrations adverses. Le colonel Johnson refuse de le quitter pensant qu’une décision contraire aurait un effet moral désastreux sur ses hommes auprès desquels il veut rester pour diriger leur combat.

Les canons du 823° bataillon de tanks-destroyers participent de façon efficace à l'arrêt de la poussée allemande, bien qu'ils soient gènes par le brouillard et vulnérables au feu bien concentré des Panzer-grenadier. Dans l’obscurité les artilleurs se servent, comme points de repère, des lueurs des canons des chars ennemis. Les tanks—destroyers détruisent deux  Panthers », au début de l’action, mais trois d’entre eux appartenant à la 3eme section sont bientôt touchés. Quant aux pièces lourdes elles sont à peine mises en batterie que leur feu les faits aussitôt repérer.

« Malgré cela, et en dépit des tirs intenses de l'ennemi le lieutenant Néel fait avancer un canon de la 1'° section qui, tirant d’un point légèrement situé à l’ouest de Saint-Barthélemy, détruit un Mark IV, tue un conducteur de char et disperse des éléments d'infanterie avant de succomber à son tour sous les coups d’un canon de 88.

Un autre canon destiné à remplacer le précédent subit le même sort, mais après avoir fait du bon travail. Il a détruit un tank ennemi qui s’apprêtait à attaquer et en a obligé deux autres à s’arrêter. Puis l’un de ces blindés a poursuivi son avance, protégé par l’autre. Il a été rapidement mis hors de combat par des hommes de la compagnie B, tandis que le second réduisait au silence la pièce avancée du 823° bataillon de tanks-destroyers. Au cours de la journée la compagnie B a perdu sept canons sur douze ainsi que les véhicules qui les remorquaient. Un groupe de volontaires a pu récupérer les cinq autres en pénétrant dans ·les lignes ennemies. D’autres soldats appartenant à cette unité combattent aux cotés des fantassins ou rejoignent des détachements de bazookas pour enrayer la progression des chars. Pendant ces engagements, ils ont réduit à l’état de ferraille, de façon certaine, au moins huit tanks et en ont endommagé deux autres.

« Les pertes de l’infanterie sont lourdes. Le 1er bataillon du 117eme, qui compte 350 tués, blessés et disparus, est fortement désorganisé. Les autres unités sont disloquées et isolées les unes des autres. Des groupes épars continueront seuls le combat pendant deux jours avant de rejoindre leurs compagnies respectives.

«  Le bataillon qui a ainsi perdu 50 % de son effectif a dû reculer de 800 mètres environ, puis il s'est replié sur une petite hauteur d'où l’on aperçoit Saint-Barthélemy et dont les alentours sont jonchés de cadavres et de véhicules allemands. Tard, dans la soirée, on se rendra compte qu'il a évité une grave défaite. »

Il apparaît que la RAF a permis aux troupes US de remporter la victoire à St Barthélémy et que cette bataille offre un exemple patent de la supériorité aérienne alliée pendant la bataille de Mortain et plus largement pendant toute la bataille de Normandie. C’est ainsi que le général Eisenhower affirma que  Â«  Les avions Typhons de la II° Force aérienne tactique prirent une grande part à l’écrasement des pointes avancées allemandes. Ils descendaient en piqué sur les colonnes blindées et, avec leurs rockets, endommagèrent et détruisirent de nombreux chars d’assaut, sans compter un nombre considérable de véhicules plus vulnérables. Cette réaction vigoureuse de nos forces aériennes et terrestres eut pour résultat de stopper complètement 1’attaque et une menace fut transformée en une grande victoire. Pour une fois le temps nous avantageait et les conditions atmosphériques étaient idéales pour des opérations aériennes. Si nos appareils avaient été cloués au sol, l'ennemi aurait pu réussir  à atteindre Avranches et ceci nous aurait contraints à ravitailler par air nos troupes au sud et à l’est du corridor, réduisant ainsi nécessairement leurs possibilités de manÅ“uvre Â».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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